Enquête, mise en situation ludique, focus sur de grandes figures de la lutte contre les inégalités : voici un jeu d’énigmes pour permettre aux jeunes de se questionner sur l’égalité entre les Hommes et sur leur rôle en tant que citoyen·ne·s du monde… Découvrez mes retours d’expérience et conseils pour se l’approprier et l’animer sans plus attendre !
Un jeu d’enquête pour découvrir les Droits fondamentaux de façon dynamique
Un outil pédagogique qui décrypte la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen
La Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen est un texte central de l’égalité des droits et pour autant ardu à première lecture. Pour permettre son appropriation par les jeunes de 12 à 25 ans, ce jeu dispose de trois mécaniques pédagogiques.
Tout d’abord, l’activité propose de constituer 6 équipes de joueur.euse.s ayant pour objectif de reconstituer 2 parcours de grandes figures ou de faits historiques. Par exemple, l’équipe Bleue aura à découvrir, grâce à différents indices, le travail de Jules Ferry ainsi que le combat de Malala Yousafzai pour aborder le droit à l’éducation. De son côté, l’équipe Noire partira à la rencontre de l’Abbé Pierre et de Mère Térésa pour s’approprier les notions liées au droit à un niveau de vie suffisant.
Par ce mécanisme de jeu, 6 droits sont ainsi abordés en France et à l’échelle internationale :
- le droit à l’éducation
- le droit à la justice
- le droit à un niveau de vie suffisant
- le droit à la santé
- la lutte contre les discriminations raciales
- l’égalité homme-femme
Après l’avoir testé, j’ai pu constater que les jeunes se prenaient facilement au jeu (encore plus que ce que j’avais imaginé !) et que le niveau des énigmes est parfaitement adapté à un public lycéen.
Un outil qui aborde également les freins dans l’accès à ces droits
En parallèle, chaque équipe se voit attribuer un « handicap » à respecter durant toute la partie. Ainsi, une équipe devra respecter une distance de 3m entre chacun·e de ses membres quand une autre devra faire le tour de la salle avant d’aller chercher la moindre réponse… Par ces empêchements, les jeunes expérimentent concrètement des freins à l’accès aux droits qu’il sera intéressant de débriefer en fin de partie : l’entrave à la communication, les lenteurs de l’administration ou la difficulté d’accès liée à une non connaissance des dispositifs, etc.
J’ai trouvé intéressant d’ajouter ces contraintes au déroulé du jeu car cela créé des différences de vécu en fonction des équipes : or c’est vraiment à partir de cela que des apprentissages peuvent être fait de mon point de vue. Si les droits abordés sont fondamentaux, les élèves vont ainsi expérimenter le fait que tou·te·s les citoyen·ne·s du monde ne sont pas égaux·les par rapport à ces derniers et que l’acquisition de droit reste encore aujourd’hui un enjeu important !
Enfin, à la fin de la résolution des enquêtes, des indices non utilisés jusque-là pourront être abordés. Ils font écho à des enjeux transversaux actuels qui abordent de nouveaux droits en construction : le droit de l’environnement, le droit à l’identité, ou encore la reconnaissance d’un statut pour les « réfugié·e·s climatiques »…
J’ai trouvé cette dernière phase très pertinente pour mettre en perspective ce sur quoi il y a aujourd’hui à construire du droit international et national. Les jeunes avec lesquel·le·s j’ai testé ce jeu étaient très ouvert·e·s aux échanges et créatif·ve·s sur des pistes de solution.
Le jeu aborde ainsi tout autant les droits fondamentaux à l’échelle mondiale, que les freins empêchant dans certaines situations l’accès aux droits, ou les enjeux actuels pour l’acquisition de nouveaux droits.
Un outil pédagogique facile à prendre en main
Mise en place
Alors qu’il s’agit d’un outil assez complet en termes de fond pédagogique, il reste très accessible dans ses modalités d’animation. Physiquement, pour le mettre en place, il est nécessaire de disposer la classe en ilots et de positionner une grande table au centre où seront placés tous les indices. Une fois le matériel de départ installé, les jeunes sont invités à aller chercher, en autonomie à la table centrale, la réponse à leur indice. L’animateur·rice validera chaque réponse avant de leur donner l’indice suivant. Quatre indices sont nécessaires pour finaliser chaque parcours. Il est donc important pour le maitre du jeu de bien s’organiser en amont pour avoir à portée de main les indices de chaque équipe dans l’ordre du parcours.
Lors de la partie, il est aussi utile pour l’animateur·rice de connaitre les handicaps de chaque équipe pour s’assurer de leur respect, quitte à imposer une pénalité à une équipe qui ne les respecterait pas pleinement…
En outre, le gros point fort de ce jeu est sa modularité. En effet, il est tout à fait possible en fonction des objectifs pédagogiques de choisir les parcours adaptés : choisir plutôt des cas internationaux ou sélectionner certains droits uniquement… La durée de jeu et le nombre d’équipe est ainsi très adaptable !
Debriefing
Concernant le débriefing, les jeunes étaient très motivé·e·s pour partager leurs découvertes et échanger sur les sujets soulevés. Lors de mes animations, j’ai donné la parole à chaque groupe pour présenter le droit qu’ils avaient découvert. Puis j’ai interrogé l’ensemble de la classe sur leurs handicaps pour réfléchir à ce que cela pourrait illustrer du monde réel. Un temps d’échanges était ensuite ouvert sur les indices restants sur la table centrale. Il était aussi très intéressant de vivre des debriefs qui abordaient le côté inspirant des figures historiques, que les jeunes peuvent rattacher à des personnalités plus actuelles auxquelles ils s’identifient plus facilement (telles que Greta Thunberg ou Emma Gonzalez) et sur le rôle de chacun·e d’entre nous dans l’accès aux droits fondamentaux.
Je vous invite donc à découvrir ce jeu au plus vite, qui, pour moi, trouve sa force dans la place qu’il accorde à des citoyen·ne·s ayant fait l’histoire et nous invite, par la même occasion, à nous questionner sur nos propres leviers d’action.
Par Louise Ollier, chargée d’action éducative à KuriOz.