Les jeux d’Éducation à la Citoyenneté et à la Solidarité Internationale (ECSI) cherchent à faire vivre une expérience apprenante. Ils embarquent les participant·e·s dans un univers ludique pour leur faire découvrir des choses concrètes sur les enjeux mondiaux d’une thématique. Pour autant, ils n’ont une plus-value pédagogique que s’ils sont accompagnés d’un bon débriefing à la suite de la partie. C’est lors de ce temps d’échanges que des ponts concrets vont pouvoir être mis en exergue entre le jeu et la réalité.
Il est donc nécessaire pour chaque animateur·rice se lançant dans l’animation d’un jeu d’ECSI de prendre le temps de construire son débriefing, en lien avec les objectifs pédagogiques qu’il·elle s’est fixés. Voici quelques-uns des piliers qui me servent dans ma pratique quotidienne.
Séquencer le débriefing pour aborder les « 4R »
Suite à l’animation d’un jeu d’ECSI, l’enjeu en tant qu’animateur·rice est de permettre aux participant·e·s de sortir petit à petit de leur vécu de joueurs·euses pour les amener à décrypter les informations en tant que citoyen·ne·s. Quatre temps peuvent ainsi être abordés :
- L’annonce des Résultats factuels du jeu (qui a gagné, quelle a été conclusion du jeu…)
- Un tour de Ressenti de chaque participant·e. Par le choix d’un mot par exemple les joueurs·euses prennent le temps de poser leurs émotions et de constater l’état dans lequel le jeu les a mis. Cette étape est à mon sens fondamentale pour créer une connexion entre eux et le sujet.
- Si cela est possible dans le cadre de la séance, le Retour d’observateurs du jeu va permettre de mettre de la lumière sur les interactions qui ont eu lieu au cours de la partie. Volontaires avant le démarrage du jeu, ces personnes ont effectivement pu prendre en note ce qui se passait (évènements, phrases échangées, attitudes…) : les synthétiser au groupe permet de les rendre visibles à tous.
- Enfin, vient un temps de questionnement des liens avec la Réalité. En quoi ce que fait vivre le jeu peut être connecté à notre société (par ses règles de départ, par ses mécaniques, par ses happenings, par les interactions…) ? Durant cette étape, j’ai l’habitude de m’appuyer sur des données chiffrées et sourcées pour renforcer les apprentissages sur la thématique et appuyer le décryptage des participant·e·s. C’est la phase qui me demande le plus de préparation en amont.
Ces quatre étapes me servent ainsi de base pour construire le déroulé de mon débriefing d’animation. Pour autant, ces « 4R » ne sont à mon sens qu’une trame qui doit rester au service de l’apprentissage du groupe.
Construire le fil de l’échange à l’écoute des participants
Si les « 4R » nous permettent de clarifier le propos et d’assurer une progression pédagogique, il est également important de faire avec les réactions à chaud des participant·e·s car c’est à partir de celles-ci que des apprentissages réels sont possibles !
C’est toute la force du jeu : créer un cadre permettant à la curiosité et à l’émotion de s’exprimer. Le débriefing est un espace de transformation pédagogique puisqu’il permet de les prendre en compte, de les nourrir d’éléments factuels concrets pour envisager à terme, une possible mobilisation citoyenne en lien avec la thématique abordée. Être à l’écoute de ce qui questionne, met en colère… et prendre le temps de construire avec les participant·e·s leur avis sur le sujet me semble nécessaire pour avoir un impact éducatif à long terme et prendre au sérieux ces citoyen·ne·s dans leur capacité à construire leur pensée.
Être au clair sur sa posture d’animation
Finalement, au travers de cette phase de débriefing se pose fondamentalement la question de la posture de l’animateur·rice. Suis-je neutre dans le traitement du sujet ? Dans une posture de facilitation des échanges ? Ou intrusif·ve dans le but d’avoir une influence politique sur mon auditoire ?
Sans qu’il y ait de bonne ou de mauvaise réponse à cette question, je pense qu’il est important d’en être conscient·e pour soi et pour le groupe. Cela pourra couper court aux sensations de manipulation ou de confusion… Cela permettra également de vérifier vos objectifs pédagogiques, puis de construire votre débriefing de façon ajustée à ces intentions.
Le débriefing d’animation : Un temps de préparation à ne pas négliger
Le débriefing est un temps central de sensibilisation aux thématiques de l’ECSI et nécessite donc une grande préparation autant sur ses objectifs pédagogiques, sa posture d’animation, son déroulé pédagogique, que sur ses données et références…
Consciente de cet enjeu éducatif, l’équipe de KuriOz a fait de la question du débriefing un point central des formations aux outils sur les Objectifs de Développement Durable qu’elle propose en ce moment. L’objectif : que les éducateur·rice·s utilisant ces outils éducatifs puissent les animer en conscience et en confiance !
Par Louise Ollier, chargée d’action éducative à KuriOz.